TEXTES
I. UN MOMENT DIFFICILE
On devait atterrir à cinq heures quarante à Brentford. Ruth regarda sa montre, fit une tournée, serrant les courroies de ses passagers.
« Qu’est-ce qu’il y a encore ? murmura M. Taylor, un passager.
——Nous allons atterrir, dit Ruth. »
Il soupira profondément comme s’il se réveillait. Mais ils n’atterrirent point ; l’avion prenait de plus en plus de hauteur, se mit sur le côté et tourna en rond. Le signal lumineux de l’avant s’éclairant, Ruth s’approcha du poste de pilotage et en trouvrit la porte :
« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle tout bas.
——Rien, dit Spencer. Nous ne pouvons pas atterrir. »
Le signal lumineux s’éclaira de nouveau. « Quoi ? demanda-t-elle.
——Nous avons perdu le radioguidage. Patience ! » dit Spencer.
Lorsqu’elle se retourna, elle rencontra le visage de Taylor ; elle eut l’impression qu’il avait entendu ce qu’avaient dit les pilotes ; elle fit sa tournée, déliant les courroies.
« Nous avons un peu de retard », dit-elle calmement. Elle s’en alla dans la cuisine et fit réchauffer du café qu’elle avait gardé. Le café prépare, Ruth reparut devant les passagers. « Café ? Cigarettes ? » demanda-t-elle, circulant avec les tasses qui s’entrechoquaient.
« Quand donc arriverons-nous ? demanda une dame âgée.
——Dans quelques minutes. Du café ? » proposa-t-elle.
Vingt minutes passèrent. Trente minutes. Les passagers s’agitaient. Ruth avait l’impression qu’ils se mettraient à crier ou à prier au moment même où elle, Ruth, cesserait de sourire. La vieille dame se rongeait les ongles, le monsieur qui avait mal au coeur demanda un verre d’eau d’une voix étranglée. Le signal lumineux reparut …
Les voyageurs un peu calmés, Ruth se rapprocha du poste de pilotage.
« Comment se comportent les passagers ? demanda Spencer.
——O.K. Tout va bien », dit Ruth, aussi gaiement qu’elle put.
Tous savaient maintenant que l’avion avait dévié de sa route habituelle. Mais ils se tenaient avec un sourire crispé, cramponnés aux bras des fauteuils.
« Le terrain de secours, dit Spencer. On peut voir les lumières. »
Les moteurs stoppèrent et l’on descendit à travers l’épaisse couche de vide.
VOCABULAIRE
atterrir vi. to land
la tournée round
la courroie strap
murmurer vi. to murmur
profondément adv. deeply
ne … point no, not
l’avion m. aeroplane
la hauteur height
le côté side
le signal signal
lumineux-se a. luminous
l’avant m. front
le poste de pilotage control cabin
bas adv. low
entrouvrir vt. to half open
le radioguidage radio-guidance
le pilote pilot
délier vt. to untie
réchauffer vt. to warm up
s’entrechoquer v. to knock against each other
âgé-e a. aged
s’agiter v. to get agitated
ronger vt. to gnaw
l’ongle m. nail
étranglé-e a. choking
calmer vt. to calm
se comporter v. to behave
gaiement adv. gaily
dévier vi. to deviate
habituel-le a. habitual
crispe-e a. contorted
crampàonné-e p.p. 紧紧抓住
le bras arm
le fauteuil armchair
le secours rescue, aid
stopper vi. to stop
la couche layer
vide n.a. void
II. HISTOIRE DE PLUME
A Paris, un homme à lunettes entra à la poste pour envoyer un télégramme. Il prit une formule et rédigea son texte avec une mauvaise plume d’oie que l’employée lui avait donnée.
Le texte écrit, il leva la tête, sourit à la demoiselle qui se trouvait de l’autre côté du guichet et lui demanda :