法语原版《小王子》阅读 Le petit Prince(22

来源:万语网发布时间:2012-12-18

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CHAPITRE XXII

-Bonjour, dit le petit prince.

-Bonjour, dit l'aiguilleur.

-Que fais-tu ici? dit le petit prince.

-Je trie les voyageurs, par paquets de mille, dit l'aiguilleur. J'expédie les trains qui les emportent,tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.

Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnere, fit trembler la cabine d'aiguillage.

-Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils?

-L'homme de la locomotive l'ignore lui-même, dit l'aiguilleur.

Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé.

-Ils reviennent déjà? demanda le petit prince...

-Ce ne sont pas les mêmes, dit l'aiguilleur. C'est un échange.

-Ils n'étaient pas contents, là où ils étaient?

-On n'est jamais content là où on est, dit l'aiguilleur.

Et gronda le tonnaire d'un troisième rapide illuminé.

-Ils poursuivent les premiers voyageur demanda le petit prince.

-Ils ne poursuivent rien du tout, dit l'aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien ils baillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.

-Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du temps pour unepoupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent...

-Ils ont de la chance, dit l'aiguilleur.

 


 

CHAPITRE XXIII

-Bonjour, dit le petit prince.

-Bonjour, dit le marchand.

C'était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaineet l'on n'éprouve plus le besoin de boire.

-Pourquoi vends-tu ça? dit le petit prince.

-C'est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. Onépargne cinquante-trois minutes pas semaine.

-Et que fait-on des cinquante-trois minutes?

-On fait ce que l'on veut...

"Moi, s dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais toutdoucement vers une fontaine..."

 


 

CHAPITRE XXIV

Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j'avais écouté l'histoire dumarchand en buvant la dernière goutte de ma provision d'eau :

-Ah! dis-je au petit prince, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n'ai pas encore réparé monavion, je n'ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si j pouvais marcher toutdoucement vers une fontaine!

-Mon ami le renard, me dit-il...

-Mon petit bonhomme, il ne s'agit plus du renard!

-Pourquoi?

-Parce qu'on va mourrir de soif...

Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit :

-C'est bien d'avoir eu un ami, même si l'on va mourrir. Moi, je suis bien content d'avoir eu unami renard...

Il ne mesure pas le danger, me dis-je. Il n'a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit...

Mais il me regarda et répondit à ma pensée:

-J'ai soif aussi... cherchons un puits..

.J'eus un geste de lassitude: il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l'immensité dudésert. Cependant nous nous mîmes en marche.

Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba, et les étoiles commencèrent des'éclairer. Je les apercevais comme dans un rêve, ayant un peu de fièvre, à cause de ma soif. Lesmots du petit prince dansaient dans ma mémoire :

-Tu as donc soif aussi? lui demandai-je.

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement:

-L'eau put aussi être bon pour le coeur...

Je ne compris pas sa réponse mais je me tus... Je savais bien qu'il ne fallait pas l'interroger.

Il était fatigué. Il s'assit. Je m'assis auprès de lui. Et, après un silence, il dit encore:

-Les étoiles sont belles, à cause d'une fleur que l'on ne voit pas...

Je répondis "bien sûr" et je regardai, sans parler, les plis du sable sous la lune.

-Le désert est beau, ajouta-t-il...

Et c'était vrai. J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien.On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence...

-Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c'est qu'il cache un puits quelque part...

Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable. Lorsque j'étais petitgarçon j'habitais une maison ancienne, et la légende racontait qu'un trésor y était enfoui. Biensûr, jamais personne n'a su le découvrir, ni peut-être même ne l'a cherché. Mais il enchantaittoute cette maison. Ma maison cachait un secret au fond de son coeur...

-Oui, dis-je au petit prince, qu'il s'agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leurbeauté est invisible!

-Je suis content, di-il, que tu sois d'accord avec mon renard.

Comme le petit prince s'endormait, je le pris dans mes bras, et me remis en route. J'étais ému. Ilme semblait porter un trésor fragile. Il me semblait même qu'il n'y eût rien de plus fragile sur laTerre. Je regardais, à la lumière de la lune, ce front pâle. ces yeux clos, ces mèches de cheveuxqui tremblaient au vent, et je me disais : ce que je vois là n'est qu'une écorce. Le plus important est invisible...

Comme ses lèvres entr'ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore : "Ce qui m'émeutsi fort de ce petit prince endormi, c'est sa fidélité pour une fleur, c'est l'image dune rose quirayonne en lui comme la flamme d'une lampe, même quand il dort..." Et je le devinai plus fragileencore. Il faut bien protéger les lampes : un coup de vent peut les éteindre...

Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour.

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