《茶花女》法语版第18章

来源:万语网发布时间:2012-12-16

vous donner des détails sur notre nouvelle vieserait chose difficile. Elle se composait d' unesérie d' enfantillages charmants pour nous, maisinsignifiants pour ceux à qui je les raconterais.Vous savez ce que c' est que d' aimer une femme,vous savez comment s' abrégent les journées, etavec quelle amoureuse paresse on se laisse porterau lendemain. Vous n' ignorez pas cet oubli detoutes choses, qui naît d' un amour violent, confiantet partagé. Tout être qui n' est pas la femme aiméesemble un être inutile dans la création. Onregrette d' avoir déjà jeté des parcelles de soncoeur à d' autres femmes, et l' on n' entrevoit pasla possibilité de presser jamais une autre mainque celle que l' on tient dans les siennes. Lecerveau n' admet ni travail ni souvenir, rien enfinde ce qui pourrait le distraire de l' unique penséequ' on lui offre sans cesse.

Chaque jour on découvre dans sa maîtresse uncharme nouveau, une volupté inconnue.

L' existence n' est plus que l' accomplissementréitéré d' un désir continu, l' âme n' est plus quela vestale chargée d' entretenir le feu sacré del' amour.

Souvent nous allions, la nuit venue, nous asseoirsous le petit bois qui dominait la maison. Là nousécoutions les gaies harmonies du soir, en songeanttous deux à l' heure prochaine qui allait nouslaisser jusqu' au lendemain dans les bras l' un del' autre. D' autres fois nous restions couchés toutela journée, sans laisser même le soleil pénétrerdans notre chambre. Les rideaux étaient hermétiquementfermés, et le monde extérieur s' arrêtait un momentpour nous. Nanine seule avait le droit d' ouvrirnotre porte, mais seulement pour apporter nosrepas ; encore les prenions-nous sans nous lever,et en les interrompant sans cesse de rires et defolies. à cela succédait un sommeil de quelquesinstants, car disparaissant dans notre amour,nous étions comme deux plongeurs obstinés qui nereviennent à la surface que pour reprendre haleine.Cependant je surprenais des moments de tristesseet quelquefois même des larmes chez Marguerite ;je lui demandais d' où venait ce chagrin subit, etelle me répondait :

-notre amour n' est pas un amour ordinaire, moncher Armand. Tu m' aimes comme si je n' avaisjamais appartenu à personne, et je tremble queplus tard, te repentant de ton amour et me faisantun crime de mon passé, tu ne me forces à merejeter dans l' existenceau milieu de laquelle tu m' as prise. Songe quemaintenant que j' ai goûté d' une nouvelle vie, jemourrais en reprenant l' autre. Dis-moi donc quetu ne me quitteras jamais.

-je te le jure !

à ce mot, elle me regardait comme pour lire dansmes yeux si mon serment était sincère, puis ellese jetait dans mes bras, et cachant sa tête dansma poitrine, elle me disait :

-c' est que tu ne sais pas combien je t' aime !Un soir, nous étions accoudés sur le balcon de lafenêtre, nous regardions la lune qui semblaitsortir difficilement de son lit de nuages, etnous écoutions le vent agitant bruyamment lesarbres, nous nous tenions la main, et depuis ungrand quart d' heure nous ne parlions pas, quandMarguerite me dit :

-voici l' hiver, veux-tu que nous partions ?

-et pour quel endroit ?

-pour l' Italie.

-tu t' ennuies donc ?

-je crains l' hiver, je crains surtout notre retourà Paris.

-pourquoi ?

-pour bien des choses.Et elle reprit brusquement, sans me donner lesraisons de ses craintes :

-veux-tu partir ? Je vendrai tout ce que j' ai,nous nous en irons vivre là-bas, il ne me resterarien de ce que j' étais, personne ne saura qui jesuis. Le veux-tu ?

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